Le dispositif M’T dents est au cœur de la prévention bucco-dentaire en France. Depuis sa mise en place, il a permis à des millions de jeunes d’accéder à des bilans gratuits, favorisant la détection précoce des caries et pathologies gingivales. Mais depuis le 1er avril 2025, ce programme a connu une évolution majeure.
Derrière un objectif clair de santé publique, la réforme introduit de nouvelles modalités de remboursement et complexifie la gestion administrative des cabinets dentaires. Comprendre ces évolutions est crucial pour éviter les impayés, réduire les rejets et sécuriser la trésorerie.
Avant 2025 : un dispositif simple et financé par la Sécu
Jusqu’à fin mars 2025, le fonctionnement de M’T dents était simple :
- Les jeunes de 3 à 24 ans bénéficiaient d’un examen bucco-dentaire (EBD) gratuit tous les 3 ans.
- L’intégralité de la prise en charge reposait sur l’Assurance Maladie.
- Les soins consécutifs, réalisés dans les 6 mois suivant l’examen, étaient également couverts à 100 %.
Ce modèle offrait simplicité et sécurité : un seul financeur (la Sécurité Sociale), peu de risque d’impayés et une gestion administrative limitée. En revanche, la faible fréquence des bilans réduisait l’efficacité en matière de prévention.
Depuis avril 2025 : un bilan annuel, remboursement partagé. La réforme change radicalement le dispositif :
- Un examen annuel est désormais offert à tous les jeunes de 3 à 24 ans.
- Le remboursement est partagé : 60 % par l’Assurance Maladie (AMO) et 40 % par la complémentaire santé (AMC).
- Pour les jeunes sans mutuelle, la Sécu continue de prendre en charge 100 % du coût.
Cette nouvelle répartition renforce la prévention, mais introduit une dépendance aux mutuelles. Pour les praticiens, cela signifie davantage de flux à gérer, donc un risque accru de rejets et d’impayés, comme nous l’avons déjà détaillé dans notre article sur la gestion des impayés en tiers payant.
Conséquences pour les patients
Pour les familles, la réforme est plutôt bénéfique :
- Un bilan gratuit chaque année, sans avance de frais grâce au tiers payant.
- Une meilleure prévention, avec des soins pris en charge à 100 % s’ils sont réalisés dans les 6 mois suivant l’examen.
- Pour les jeunes sans mutuelle, aucune inquiétude : la couverture reste totale par la Sécu.
En revanche, la communication doit être claire : certains patients peuvent craindre un reste à charge, sans savoir que la part complémentaire est automatiquement couverte si la mutuelle est bien active.
Les impacts pour les praticiens : opportunités et contraintes
Pour les chirurgiens-dentistes, cette réforme est à la fois une opportunité de développement et une source de complexité accrue.
- Opportunités :
- Plus de prévention → hausse des bilans et fidélisation des jeunes patients.
- Valorisation du rôle de prévention des praticiens.
- Détection précoce des pathologies, limitant les soins lourds et coûteux.
- Contraintes :
- Gestion administrative plus lourde : chaque EBD implique désormais deux financeurs.
- Dépendance accrue aux mutuelles, avec un risque de rejets si les droits AMC ne sont pas à jour.
- Trésorerie fragilisée : les délais de remboursement côté mutuelles sont souvent plus longs que ceux de la Sécu.
Ces contraintes s’ajoutent à celles déjà identifiées dans notre analyse sur les erreurs coûteuses en tiers payant, où une simple vérification manquée peut suffire à transformer un acte payé en impayé.
Problématiques concrètes et chiffres clés
La généralisation du bilan annuel représente un enjeu majeur pour les cabinets :
- Un volume massif de dossiers : environ 10 millions de jeunes de 3 à 24 ans sont concernés chaque année par M’T dents (source : Assurance Maladie). Le passage d’un examen tous les 3 ans à un examen annuel multiplie par trois le nombre de flux à gérer.
- Des pertes financières rapides : pour un cabinet réalisant 400 000 € de CA, dont 70 % en tiers payant, 5 % d’impayés représentent 14 000 € de pertes par an.
- Un risque de forclusion : comme pour tout acte en tiers payant, le délai légal de régularisation est de 2 ans. Passé ce délai, l’impayé devient définitif. Ce point, détaillé dans notre article sur rejets et forclusion, prend toute son importance avec la hausse du volume M’T dents.
Comment sécuriser la gestion du nouveau M’T dents ?
Pour éviter que la réforme ne devienne un fardeau, les cabinets doivent renforcer leur organisation :
- Vérifier les droits patients systématiquement sur AmeliPro (AMO) et via les portails mutuelles quand c’est possible (AMC).
- Facturer l’EBD séparément des soins complémentaires, pour éviter toute confusion.
- Mettre en place un tableau de suivi clair pour contrôler que la part Sécu et la part mutuelle ont bien été réglées.
- Former l’équipe aux spécificités du dispositif pour réduire les erreurs.
- Externaliser la gestion du tiers payant en cas de volume trop important. Comme nous l’avons montré dans notre article sur l’externalisation, cette solution coûte souvent moins cher qu’une embauche interne et permet de sécuriser les paiements.
À retenir en 30 secondes
- M’T dents passe d’un examen triennal financé 100 % par la Sécu à un bilan annuel partagé 60 % Sécu / 40 % mutuelles.
- Les patients bénéficient d’une prévention renforcée, toujours sans avance de frais.
- Pour les praticiens, c’est une opportunité de suivi renforcé, mais aussi une charge administrative accrue et un risque plus élevé d’impayés.
- Un suivi rigoureux et, pour certains, une externalisation, sont essentiels pour transformer cette réforme en atout.
La réforme du M’T dents au 1er avril 2025 marque une avancée importante en matière de prévention bucco-dentaire. Pour les patients, c’est la garantie d’un suivi annuel et d’une prise en charge intégrale. Pour les praticiens, c’est une opportunité de renforcer leur rôle de prévention, mais aussi un défi administratif.
Bien organisée, cette évolution peut devenir un véritable levier de croissance et de fidélisation. Mal gérée, elle risque de fragiliser la trésorerie et d’augmenter les pertes.
TP Zen accompagne les cabinets dentaires pour que le tiers payant reste un atout et non une contrainte, en sécurisant chaque flux et en réduisant les impayés.


